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4 mai 2008

La chine et les Droits de l'Homme en Afrique

Machinafrique_logo$i la Chine jouit ces dernières années d'une très bonne image auprès des dirigeants Africains, on ne peut pas en dire autant des populations, tout simplement parce qu'il n'y a pas assez de connaissances sur le sujet. On sait que ici et là des manifestations anti-chinoises ont lieu dans des grandes villes africaines. On sait que les travailleurs de certaines entreprises chinoises en Afrique se sont rebellés contre des conditions de travail indigne. Les chinois font semble t-il en sorte de faire profil bas et d'inciter leurs entrepreneurs à plus de retenue dans l'exploitation des travailleurs locaux. Mais il est très difficile de savoir ce que l'africain de la rue, de la mine ou des champs pense de son nouveau maître chinois.

Pour les occidentaux, l'influence chinoise au niveau des droits de l'homme en Afrique ne peut être que largement négative.  Pour les gouvernements Africains, l'alternative chinoise est la bienvenue face aux occidentaux, surtout quand ceux-ci critiquent l'état des droits de l'homme en Afrique. Les dirigeants Africains ne semblent pas troublés par la réputation du régime chinois dans ce domaine, et semblent heureux, dans l'ensemble, de faire des affaires avec eux.

Les pays africains avec les pires bilans en matière de droits de l'Homme accueillent volontiers la Chine, laquelle contribue à couvrir leurs pratiques autoritaires. Au Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, la Chine et 13 pays africains sont représentés, et se soutiennent mutuellement. Les États africains sont réticents à l'idée de critiquer les atteintes au droits de l'homme de leur partenaire chinois, et ce dernier met tout son poids de membre du conseil de sécurité dans la balance pour minimiser les critiques émises par l'ONU.

Au sommet Chine-Afrique, a été formulée la politique sino-africaine commune à promos des droits de l'Homme. Les deux parties se sont ainsi engagées à "promouvoir la coopération au conseil des Droits de l'Homme, et à faire des efforts concertés pour s'assurer que le conseil respecte les spécificités historiques, culturelles et religieuse de tous les pays et régions". En remettant ainsi en cause de l'universalisme des valeurs occidentales, l'Afrique et la Chine justifient leur droit à échapper aux obligations en matière de droits de l'Homme.

La vision chinoise des droits de l'homme se veut plus "démocratique" et moins "philosophique". Selon la déclaration du FOCAC de Pékin "le conseil doit accorder une importance identique aux droits civiques, politiques et économiques ainsi que culturels et sociaux, avec une priorité claire au droit au développement. Le conseil doit traiter ce problème de manière adéquate (sic.), et travailler à éliminer le deux-poids deux-mesures et les pratiques consistant à politiser le débat sur les droits de l'Homme".

La déclaration commune est donc très claire sur le fait que l'Afrique et son allié chinois ont leur propre définition des droits de l'Homme, et n'entendent pas céder aux pressions occidentales sur ce sujet. Selon les chinois, les occidentaux analysent cette question avec un biais culturel, sans percevoir les spécificités de la conception Africaine.
On pourrait conclure que la Chine cherche à évacuer les droits de l'Homme du débat africain. En réalité, les droits de l'Homme sont une partie intégrale de leur politique africaine, mais ils souhaitent simplement que le débat ait lieu sur leur terrain. Les chinois sont moins préoccupés par les libertés individuelles et politiques, et d'avantage sue les "droits humains collectifs". L'idéal que la Chine souhaite exporter en Afrique est celui d'une société libérée du besoin, qui puisse atteindre la prospérité et l'harmonie (il faut comprendre: l'ordre). Cette théorie alternative des droits de l'homme connait un grand succès auprès des chefs d'État africains, notamment des despotes.

La Chine ne pose en effet aucune conditionnalité politique à l'établissement de liens économiques , à l'exception notable de l'exigence de respecter le principe "d'une seule Chine", c'est à dire de ne pas reconnaître Taïwan, contrairement aux occidentaux pour lesquels les considérations en matière de droits de l'homme sont un souci pour les dirigeants Africains. La Chine est encore très mal à l'aise avec les ONG, et a multiplié les rencontres avec elles, notamment au Darfour, afin de "briser la glace".

Malgré son discours de non ingérence, la Chine connait bien ses intérêts en Afrique. En 2006, lors des présidentielles Zambiennes, l'ambassadeur chinois a mis en garde l'opinion publique que l'élection du candidat anti-chinois  Michael Sata, allait sérieusement compromettre l'engagement chinois dans le pays. Celui-ci surfait sur la vaque de mécontentement liée à la réputation des entreprises chinoises d'exploiter les travailleurs locaux dans des conditions de sécurité et d'hygiène déplorables. La victoire du sortant, Mwanawasa, a mis fin à la mini-crise diplomatique.

L'attitude de la chine consiste à dire "quand y'en à pour l'un, y'en a pour l'autre". Dans le cas de l'Afrique, la Chine se démène pour se tailler, 123 ans après la conférence de Berlin, sa part à elle du gâteau africain.

Conf_rence_de_Berlin

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