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Le Blog de DTN
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6 mars 2011

Chapa circus

La nuit tombée les bords de route sont envahis par des centaines de personnes, dont beaucoup d'enfants marchant seuls et beaucoup de gens pieds nus, de nombreuses voitures, qui n'ont pas toujours tous leurs phares, leur passant très près à côté et, surtout, des dizaines de 'chapas', ces minibus de 8 places dans lequel 20 personnes minimum s'entassent littéralement comme des sardines. C'est la ligne 3 ou la ligne 13 du métro parisien à rush hour, ou encore les bus de la Courneuve (dans lesquels 8 personnes valident mais 90 personnes entrent). Sauf qu'à Maputo, il fait 30° dix mois par an.

xapa_crise_de_transporte
Les conducteurs de chapa n'ont pas l'air d'avoir la moindre considération pour la vie de leurs passagers, tant ils roulent comme des fous. Les chapas étant bondées, beaucoup de propriétaires de pickup, ces gros 4x4 avec une benne à l'arrière, embarquent 15 ou 20 personnes dans leur benne, assis sur le rebord. Interpellé sur les dangers de cette pratique, pourtant due à l'ineptie des transports publics, le ministre des transports a préféré dire que cela n'existait pas, que les journalistes colportaient de fausses informations pour déstabiliser le pays, dont la situation est déjà assez difficile comme cela.


Les "chaperos" ou propriétaires de chapas, se disent prix en éteau entre le prix de l'essence qui monte, et le tarif d'un voyage, qui est réglementé par la police à 5mt maximum (11 centimes d'euro). Même en sur-bondant son chapa, on gagne mazimum 2,5 euro, pour 16 km (en moyenne) de trajet éprouvant. Ceux-ci se font donc avoir, et ont fait une grève en novembre, qui a totalement arrété Maputo, car il n'y a aucune alternative de transport. Après la grève les chaperos n'auraient pas remis en service tous les minibus, arguant qu'ils ne pouvaient pas couvrir les frais de garagiste.

Le gouvernement, dont les ministres successifs n'ont jamais rien fait pour les transports, à part prendre des parts dans les concessionnaires de voitures importées, s'est mis face à un dilemme: si on augmente les prix, comme le demandent les chaperos, de 5 à 18 Metical, on prend le risque de mécontenter le peuple, ce qui est leur peur numéro un depuis qu'ils ont vu ou cela a ammené Ben Ali et Moubarak. Le problème c'est que si on fait passer le prix à 18 Mt. soit 45 centimes d'euro, on ruine les gens qui devront lâcher environ 2€ par jour, soit 50€ par mois, une fortune,  totalement hors de portée des étudiants et lycéens par exemple, mais aussi ne nombreux travailleurs informels, qui gagnent une misère (le salaire minimum étant justement de 50e par mois). Si on n'augmente pas le prix, on reste dans cette situation catastrophique, et on condamne les 'chaperos' à rester dans une situation de survie permanente, incapables d'investir par exemple, dans un nouveau véhicule, ou au pire des nouveaux pneux ou freins. On pourrait investir dans des bus de grande taille, mais le plus urgent est quand même d'investir dans une nouvelle flotte de voitures de fonction pour les députés.
chapa1
On a donc des chapas en état pitoyable, surbondées, et des queues immenses aux arrêts de bus. Pour entrer dans les chapas, les gens se piétinent, sans pitié pour les enfants et les mamans, et se poussent pour entrer dans les vieux minibus. Je regarde ce triste spectacle en rentrant du travail, puisque je passe par "Museu" le terminal de tous les minibus. L'Etat a une dizaine de bus, des grands autocars, mais on les voit rarement. Ce sont par contre les seuls à rouler après 20heures, car tous les chaperos sont rentrés chez eux, ou plutôt sont dans les embouteillages de Benfica.

Benfica c'est le quartier derrière l'aéroport. L'aéroport était loin du centre, à l'époque ou le centre se limitait à cette 'Polana cemento' ou j'ai le priviliège d'habiter. Mais la ville a quintuplé, et l'aéroport a dorénavant l'apparence d'un "Central park", une carré de verdure au milieu de la jungle urbaine. Benfica est situé derrière, donc il n'y a qu'une seule route qui relie ce gros quartier populaire au centre, celle qui contourne l'aéroport. C'est l'anarchie totale sur cette route.

La nuit surtout, parce que les piétons, qui étaient tapis à l'ombre, se mêlent aux voitures une fois le soleil couché. Les voitures doivent batailler contre les chapas n'ont qu'une seule règle, c'est d'arriver au terminal des bus, qui est en fait un endroit ou on décharge les passagers au bord de la route. Le gouvernement a eu la bonne idée de refaire la route Maputo-Benfica, surtout en y mettant un grosmur de béton entre les deux sens, pour éviter que les chapas fassent demi-tour n'importe ou. Mais les travaux ont du retard, parce que c'est l'Afrique, parce qu'on ne travaille qu'au petit matin et le soir à cause de la chaleur. Mais comme ce sont aussi les heures ou les chapas doivent ammener et ramener les gens, c'est un exercice assez sportif. Finalement la ligne 13 à 18h, c'est presque le luxe. Mais aumoins au Mozambique, on voit pas les parisiens tirer la tronche. Bruit, sueur, danger, accidents, clacxsons, sueur des autres, poussière, soif, embouteillages, pots d'échappement, c'est le quotidien des locaux.

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