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4 avril 2008

La Chine invitée à recoloniser l'Afrique!

Les Chinois "Invités à recoloniser" c'est en somme le message des dirigeants Africains les moins fréquentables ces dernières années.

CheruEn lien, un texte en Anglais de Fantu Cheru, actuellement professeur d'études africaines et de développement à l'American University de Washington.

La Chine, comme toute grande puissance, travaille à créer un paradigme d'une mondialisation qui lui serait favorable.

Fantu Cheru rejoint Adama Gaye en estimant que ce qu'il manque à l'Afrique est "une stratégie politique claire et coordonnée de la part de ses leaders". Alors que la Chine sait ce qu'elle attend de son partenariat avec l'Afrique, cette dernière n'a pas encore développé "un cadre commun sur comment négocier avec la Chine à partir d'un programme commun plus solide et mieux informé".

Une critique acerbe du NEPAD

Fantu Cheru estime que le NEPAD n'a pas proposé à l'Afrique d'alternative viable à l'offensive commerciale chinoise.

Le NEPAD était censé apporter un cadre coordonné de développement régional et infra-régional en Afrique. Selon l'auteur, "il n'a pas su saisir les principes organisateurs de l'ordre mondial actuel" et à ses conséquences sur l'ouverture totale des marchés que le NEPAD voyait comme l'unique salut pour l'Afrique". Le NEPAD aurait "incité les Etats à devenir l'objet d'une concurrence plutôt que les instruments du développement".

Le NEPAD serait une organisation aux pieds d'argile en raison des frictions avec l'Union Africaine autour de la définition des rôles. La situation est cadenassée et ne pourrait évoluer qu'à la suite du départ imminent des principaux chefs d'Etat du comité exécutif du NEPAD, Obassanjo et Mbeki. La proximité croissante entre les politiques promues par le NEPAD et les intérêts d'élites extérieurs est devenu de plus en plus évident. Cela a contribué à accélérer son discrédit, en tant que politique d'accomodation au capitalisme global, par opposition par exemple, au le Plan d'action de Lagos de 1980 défini par l'UA qui recommendait une harmonisation des programmes de développement, une intégration économique sous-régionale et l'autosuffisance alimentaire. Au lieu de cela le NEPAD a imposé un agenda de réformes tendant vers l'intégration aux marchés mondiaux. L'approche "laissez-faire" du NEPAD serait mal appropriée dans une région ou l'on trouve de telles disparités parmi les forces en présence.

Selon Cheru, il est hypocrite de la part des dirigeants Africains de se plaindre des désavantages dont ils seraient victimes à cause des produits chinois alors que leur propre politique de développement consiste explicitement en la création d'un environnement de libre-échange sans contrôle ou opéreraient les forces du marché. Cet enclin à favoriser le libre-échange,  qui s'apparente selon Fantu Cheru à un renoncement politique, a permis à la Chine "d'avaler de larges parts des économies africaines, avec le consentement d'élites locales parasitaires et irresponsables, qui continuent de tirer profit d'une relation si déséquilibrée" poursuit Cheru. "Des quantités considérables de ressources africaines continuent de passer par les pas de porte des élites locales, qui collectent au passage royalties et autres aantages en nature". Il appelle cela "l'invitation à recoloniser" (recolonisation by invitation).

Une Afrique divisée face à une Chine décidée

Selon Cheru, l'absence d'une politique commune de l'Afrique à l'égard de la Chine a offert de nombreuses occasions aux autorités chinoises (et aux entreprises qu'elles contrôlent) de pénetrer de nombreux secteurs des économies africaines, "en particulier dans les pays qui manquent d'une infrastructure légale et régulationniste forte dans les domaines du commerce et de l'investissement", une définition qui correspond à la majorité des Etats africains. Ces pays ne peuvent pas amener la Chine à s'engager d'une façon qui leur soit bénéfique.

Les débats sur le rôle de la Chine en Afrique ont été caractérisés par la paranoïa. Pourtant, explique Fantu Cheru, de l'American University, "les opportunités devraient largement dépasser les menaces si la montée de la Chine est correctement appréhendée". Les politiques et les programmes pour permettre à l'Afrique de gérer les déséquilibres économiques avec la Chine devront être coopératives et mises en place collectivement.

L'approche bilatérale que la Chine développe à son avantage en dépit de son dialogue affiché avec l'UA, risque de diviser l'Afrique. L'Union Africaine de façade que souhaite voir se développer la Chine lui permettrait de continuer à négocier au cas par cas avec une clientèle de chefs d'Etat Africains et non de faire face à une Afrique unie, ou au moins d'accord sur une attitude commune à adopter face au partenaire chinois. Divisés et clientellisés, "aucun Etat africain ne peut négocier individuellement avec la Chine à partir d'un programme solide" estime l'auteur de "Renaissance africaine" (2003).

Sources:

RFI

Fantu Cheru: African Renaissance: Roadmaps to the Challenge of Globalization Zed Books, 2003


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